mardi 21 juillet 2009

La Vache laitière noire, de Noëlle Bizi Bazouma

Voici un roman que j'avais lu bien avant d'avoir un blog et dont j'aurais voulu parler si j'en avais alors ; et il y en a un certain nombre dans ce cas, surtout lorsque l'auteur ne draine pas encore des masses de lecteurs derrière lui, c'est une manière pour moi de l'encourager à poursuivre sa voie, même si le grand lectorat n'est pas encore au rendez-vous.

En ce qui concerne La Vache Laitière Noire, j'avais tout de suite apprécié la manière de l'auteure de traiter de façon métaphorique la question du sous-développement des pays du tiers-monde, ceux de l'Afrique noire en particulier. En fait Noëlle Bizi Bazouma aurait peut-être pu écrire un essai, mais comme on le sait, celui-ci est soumis à certaines contraintes et a en outre un public moins large que le roman.

L'auteure met les points sur les "i" dès le départ, dans un avant-propos qui montre un étudiant déçu, enragé même au sortir d'un cours portant sur le sous-développement, l'équation sous-développement = Afrique noire = pauvreté, famine, dictature, sida, guerres ethnique et tribales etc. lui semblant trop "réductionniste". Il se met à s'interroger sur l'Histoire et le devenir des pays africains, par exemple :

"Comment se fait-il que l'Africain qui à l'état sauvage, (non contact avec des cultures extérieures à la sienne), avait inventé sa pirogue pour affronter les rivières, les fleuves et les mers qui nécessitaient la connaissance des lois de l'eau, s'esr par la suite révélé non ingénieux ?" (p. 13)

C'est à une série de questions de ce genre que le livre tente de répondre. Le personnage principal, Afro, a hérité de son père une vache qu'il tenait lui-même de son père. Cette vache met bas régulièrement et assure sa subsistance. Mais un étranger arrive, convoite cette vache au pelage noir qui est en si bonne santé et donne un si bon lait. Il fonde des projets sur cette vache qui va lui permettre de s'enrichir et alimenter par la même occasion la contrée d'où il vient et qui est en manque de lait. N'ayant pas réussi à obtenir le consentement d'Afro pour ces projets, il le lui arrache par des moyens sournois. C'est le commencement des emmerdes pour Afro et les habitants de son village, qui vont peu à peu délaisser leur mode de vie pour adopter celui de l'étranger, être dépendant de lui, adopter jusqu'à ses besoins qui pourtant sont inadaptées à leurs propres réalités.

Ce roman, publié en 1995, tente de mettre en lumière un pan de l'histoire qui était souvent occulté jusqu'à ces dernières années : le rôle de l'esclavage et de la colonisation dans l'histoire. L'auteure n'épargne pas les Africains qui ont eux-mêmes ouvert la boîte de Pandore et ne font pas grand-chose pour la déloger de chez eux.

La Vache Laitière Noire, premier roman de Noëlle BIZI BAZOUMA, Editions CEMHO, Lille, 1995, 154 pages.
L'auteure a publié divers ouvrages : sur la santé, pour la jeunesse, des romans. Vous pouvez consulter sa page sur le site des écrivaines africaines.

2 commentaires:

Unknown a dit…

Salut Liss. Beau compte-rendu du livre de Noelle Bizi Bazouma. C'est un génie méconnu. Hélas. J'ai lu d'elle " Au-delà des apparences ". Un chef-d'œuvre. Il y est question de jeu de couleurs sur les radis. En fait il s'agit d'une métaphore pour parler du racisme. J'en avais fait un compte-rendu et un commentaire de texte. Son mari à l'époque, un certain Bazouma, inculte et stupide me fit un procès car disait-il j'allais créer des soucis à sa famille parce que j'avais eu le tort, selon lui, d'associer le nom de sa famille dans le contexte politique de la France charlepasqualienne. J'avais compris que des femmes de génie peuvent avoir pour conjoint des crétins achevés.

BIMBOU

Liss a dit…

Je découvre seulement ton commentaire, cher Gus, normalement je reçois des notifications de commentaire... Heureuse de savoir que tu as apprécié, comme moi, la plume de Noëlle Bizi Bazouma.