lundi 23 août 2010

Bref compte-rendu du cinquantenaire de l'indépendance du Congo

Je sais, ça fait dix jours que l'événement est passé, et c'est maintenant seulement que je vous en parle. C'est que j'attendais quelques photos, pour illustrer mon propos, mais je ne les ai toujours pas reçues. Je sais, j'aurais dû en prendre moi-même. J'attendais aussi que Monsieur Jean-Marie Volet, qui s'occupe du site des écrivaines africaines, actualise ma page pour que vous ayez la possibilité de lire la petite présentation que j'ai faite de la littératuire congolaise, car cette "petite présentation", me paraissait un peu trop longue pour vous être servie ici-même.

Liss et Joss Doszen. (Désolée, mais c'est la seule photo que je puisse vous proposer.)

Ce vendredi-là, sans surprise, il y avait foule. Je dis sans surprise car c'était un jour de semaine et tous ceux qui l'auraient souhaité ne pouvaient pas tous être là ; en outre on annonçait un temps pluvieux ; mais c'était sans surprise surtout parce que la culture a souvent été le parent pauvre des divertissements, en tout cas parmi les Congolais. La preuve, le samedi soir, à la soirée dansante, ils étaient plus de quatre-vingt, selon les échos que j'ai eus, tandis que le vendredi après-midi, autour des tables-rondes, il n'y avait que vingt-cinq participants environ. Mais c'était pas mal car ceux qui étaient là, on peut dire qu'il s'agissait de convertis à la cause littéraire et culturelle. Quelques uns sont même venus de province rien que pour assister à cette rencontre. On a donc eu un échange intéressant, disons qu'on a même manqué de temps, car les débats à proprement parler ont dû se tenir autour du pot de l'amitié, sous des gouttelettes de pluie, la salle devant être libérée dans les temps. Or les intervenants ont été assez longs, moi la première, qui ai souhaité faire participer le public : cela prend forcément plus de temps que les 15-20 minutes qui nous étaient impartis.

Bon, qu'est-ce qui s'y est dit ? Les organisateurs ont émis le souhait de voir toutes les communications rassemblées dans un ouvrage. En attendant, je vous en dis juste un petit mot. Il est apparu que les parcours littéraire et musical ont certains points communs, notamment en ce qui concerne les problèmes d'archivage. Il a aussi beaucoup été question des droits d'auteur et de la généralisation de l'auto-promotion. Monsieur Martin Lemotieu a été intarissable en ce qui concerne le thème de l'indépendance dans les romans congolais.
Quant à la seconde table-ronde, je pense que les anecdotes par lesquelles les intervenants ont étayé leurs communications résument assez bien la situation. Cette seconde table-ronde étant axée sur le développement du pays et sur les moyens par lesquels la disapora peut participer à ce développement, il résulte des différentes interventions que le développement doit prendre sa source dans le changement des mentalités.

Exemple : Monsieur Patrice FINEL, vice-président du conseil général de l'Essonne (qui a donc apporté un avis extrérieur) a évoqué son court séjour à Brazzaville et le constat, entre autres, que eux, les Français, avaient fait est le suivant : à plusieurs reprises ils avaient engagé un jardinier, pour un stage, et chaque fois le stagiaire arrivait en costume-cravate, plus mallette à la main, avant de se changer et de revêtir une tenue appropriée au jardinage. Les Français finirent par demander les raisons de cette métamorphose quotidienne, le jardinier répondit que le travail lui plaisait bien et le satisfaisait, mais que si sa famille l'apprenait, elle le prendrait mal car c'était un travail manuel. D'où la nécessité de se mettre en costume le matin avant d'aller jardiner, pour faire croire à la famille qu'il se rendait au "Bureau".

Donc, beaucoup de complexes dont il faut se débarasser pour pouvoir avancer. C'est aussi le constat en ce qui concerne les séporositifs, beaucoup stigmatisés même par les intellectuels, par ceux qui connaissent pertinemment les moyens de transmission de la maladie en théorie, mais qui n'évitent pas moins de s'approcher de personnes séropositives. Il a beaucoup été question du Sida, sujet abordé par Monsieur Romain Mbirimbindi, président de l'Association Afrique Avenir.

Je n'ai fait là que survoler quelques communications, elles étaient nombreuses et chacun semblait avoir beaucoup de choses à dire. En ce qui me concerne vous pouvez, sur ce blog, cliquer sur "ma page" dans la rubrique "Liens", et découvrir au bas de page le lien vers l'article "Cinquante ans de littérature florissante". Sinon vous pouvez cliquer ici.

Un autre regard sur la littérature congolaise, son histoire en particulier, par l'écrivain Aimé Eyengué sur le site star du Congo.

14 commentaires:

Obambé a dit…

Bonjour,

Je prendrai le temps d'aller regarder le lien que tu as mis pour plus de détails.
Intéressant en effet ton CR. Je note:
- Le propos de M. Finel est révélateur de certains maux dont notre société souffre. Les métiers dits manuels sont mal vus, très mal vus, quand bien même ils font vivre de s familles entières. Nous connaissons tous et toutes des mamans qui ont élevé des enfants, en ont fait des femmes et des hommes respectables et respectés, peu importent les boulots qu’ils exercent eux-mêmes (commis de bureau, enseignants, plantons…) ;
- 25 personnes pour les échanges la journée, 80 environ la nuit pour danser. Il n’y a rien de nouveau sous le soleil, aurait dit mes ancêtres, sous le soleil congolais. Bon, je concède néanmoins que le soir, la majorité des gens, peu importent les nationalités et les jobs, ont fini de bosser. Mais bon, de 25 à 80, cela fait un bond de 320%.

Merci pour ce CR, surtout pour nous qui n’avons pu nous y rendre.

@+, O.G.

Liss a dit…

Grand-frère, boulot ou pas boulot, les Congolais sont adeptes du "mikolo nioso fêti na fêti". Si cela avait été un baptême, un retrait de deuil ou je ne sais quoi cet après-midi-là, je suis sûre qu'on aurait été plus de 25. Mais bon, c'est comme ça, le nombre importe peu, l'essentiel est que ceux qui sont là prennent part au débat, à l'échange, et ça a été le cas.

Quant à nos mentalités, il y a vraiment urgence pour que ça change, mais c'est un pari difficile...

Obambé a dit…

Je me suis fait l'avocat du Diable à dessein...
je sais bien, hélas! que... enfin, tu comprends quoi...
je suis moi-même assez dur avec mes Congo-loistous les jours...
ah! danser! boire! danser encore et boire encore!
Les occasions sont trop rares de sortir a dernière cravate achetée à prix d'or! les occasions sont trop rares de mettre son dernier costume tombé du camion...
ah! il y a aussi la dernière JMW en croco (1500€ dit-on) qu'il faut montrer...

J'ai commencé à parcourir ton exposé. Tu as un travail d'investigation dis-donc! Chapeau! je vais continuer...

St-Ralph a dit…

Je te découvre peu à peu, Liss, grâce au lien "ma page". C'est vrai que je ne suis pas très curieux de nature... Pour ce qui est des manifestations littéraires africaines, il me faudra absolument prendre de fermes résolutions cette année ! Affaire à suivre.

@ Obambé,
Si ces réjouissances peuvent être d'autres occasions d'échanger, je ne pourrais qu'y être favorable. Malheureusement le bruit vous empêche de communiquer, de connaître l'autre. Il n'y a pas que les Congolais qui adorent la danse. Je croyais que mes compatriotes Ivoiriens avaient mis un peu de distance entre eux et les danses africaines. Tu parles ! Il suffit d'un peu de musique venue d'Afrique pour que tout le monde se mette en branle !

Liss a dit…

Cher St-Ralph,

Ce serait pas mal que tu puisses un jour saisir l'occasion d'une manif pour venir nous rejoindre en région parisienne. Tu imagines un peu la belle retrouvaille ? enfin je ne sais pas si le mot "retrouvaille" convient, mais je veux dire que ce serait génial qu'on puisse se réunir un jour autour d'une table, et non plus chacun de son côté devant son ordi, Obambé, Gangoueus, toi, moi et tous ceux qui voudront bien se joindre à nous... (je divague, je divague)

Je suis en train de boire les dernières gouttes de l'Homme invisible. J'espère poster mon compte-rendu de lecture dans les prochaines heures.

Obambé a dit…

Argh !
Voilà ce qu’il m’en coûte, quand j’écris dans la précipitation avec l’émotion…
Lire :
- Congolois tous les jours au lieu de « Congoloistous les jours » ;
- De sortir la dernière cravate au lieu de « de sortir a dernière cravate… » ;
- Tu as fait un travail d’investigation au lieu de « Tu as un travail dinvestigation ».

J’ai lu et relu ton texte et, je ne te cache pas chère sœur que j’en suis encore ébaubi d’admiration. Cette semaine, je ne sais quand, je prendrai un peu de temps pour en faire un billet sur mon espace : je te dis chapeau bakoua ! Cela fait plus de 15 ans que personne ne m’a reparlé de L’affaire du silure de Guy Menga

@+, O.G.

Liss a dit…

Mon frère,

il n'y a pas de quoi s'arracher les cheveux (enfin il me semble que cela ne soit pas possible dans ton cas), enfin pas de quoi se donner des makofi, le lecteur comprend très bien ce que tu avais voulu dire ; et nous nous trouvons tous régulièrement dans cette situation où des mots ou des lettres sont mangées par la rapidité de notre esprit, qui précède nos mains, lorsqu'on rédige...

Merci à toi si tu peux faire l'écho de cette présentation, notre littérature ne s'en portera que mieux.

Joss a dit…

Beau moment. Heureusement que cela m'a permis d'assister à ta magnifique présentation de la littérature congolaise sinon j'aurai eu un amère-goût d'arnaque dans le gosier ;-))

Le retour sur les 50 ans de musique congolaise aussi était sympa. J'ai moins (beaucoup moins) aimé la dernière partie. La table ronde sur des sujets bien généralistes qui permettent aux gens de s'entendre parler :-((

Globalement c'était une bonne initiative qui gagnerait à une meilleur préparation, et surtout à un meilleur suivi !

Merci de m'avoir invité à cette manif ;-))

Liss a dit…

Cher Joss,

merci à toi d'avoir joué le jeu, j'espère aussi que la prochaine fois, ce sera mieux préparé.

Aimé a dit…

Bonsoir chère Liss

Que ton esprit reçoive ce qu'il mérite: c'était judicieux, généreux et audacieux de ramener à la lumière du jour un point de vue de 2005, un brin mesquin (voire incongru), et de le nuancer avec esprit. Je recommanderai cette communication à la plèbe, comme le contre-pied mérité de celle de 2005.

Heureusement que nous avons Liss: autrement, tout le monde, individual-solo, tomberait, les yeux fermés, dans le piège béat de cracher si facilement dans la soupe.
Un proverbe de chez nous dit: "lebè le niango na biaka'oboya ka" traduire: "on ne refuse point le sein de sa maman, eût-il de la pue", auquel on adjoindrait bien "le singe sale, que dis-je, le linge sale se lave en famille"

Merci Liss pour cet éveil littéraire lice.

Encore merci d'avoir adjoint notre regard au vôtre: nous n'avons fait qu'essayer.

Bémol: Prière de rectifier le nom dans ce lien. C'est Eyengué au lieu de Eyenga.

Bon vent.

A.E

Liss a dit…

Cher frère,

mille excuses pour la distorsion faite au patronyme. Je vais corriger.
J'adore lorsqu'on puise dans notre culture pour illustrer le propos. Je me suis permise, en effet, de faire entendre un son de cloche un petit peu différent, j'aime plutôt envisager les choses de manière positive, se dire qu'on va aller de l'avant, que l'espoir est permis, ceci dit je comprends que Mabanckou avait sans doute voulu secouer un peu (on dirait plutôt sans ménagement)ses compatriotes pour qu'ils ne se laissent pas aller à la paresse...

Aimé a dit…

Chère Liss

A quand une grande table ronde sur notre littérature d'exil? Pourquoi pas faire un tableau des imaginaires et des courants (des premières générations à aujourd'hui).
L'honneur vous revient (à vous critiques): car "A tout Seigneur, tout Honneur."

En attendant, ce serait un honneur pour moi, que tu découvrisses ces écrits miens sur ce lien:

http://www.starducongo.com/La-rue-un-pouvoir-bien-francais_a2858.html

Analyser sur "Liss dans la vallée des livres sans modération".

En ces temps de remous sociaux, pourquoi se priverait-on d'un tableau imitant le style réaliste.

Bon vent

A.E

Liss a dit…

Cher Aimé, une table-ronde sur la littérature congolaise d'exil... Pourquoi pas ? C'est une bonne idée. L'idée vous revient ? Tu veux dire "nous" revient ?
J'ai bien envie, en effet, de découvrir Eyengué dans son texte. On en reparle par mail ?

Aimé a dit…

En fait le "vous" est pour les Critiques Littéraires.

Pour l'échange par mail bien volontiers:

Prendre mes coordonnées sur le lien suivant:

http://www.starducongo.com/Un-Gout-de-Resistance_a1845.html

Bon vent.

A.E