vendredi 7 mai 2010

Ma première Colo, de G. Mbemba-Ndoumba

Vous souhaitez mieux comprendre les Congolais ? Les ouvrages de Gaston Mbemba-Ndoumba vous seront sans doute d'une grande utilité : ils vous aideront à saisir certaines pratiques, certains faits de société. Après avoir publié trois ouvrages que l'on pourrait qualifier de sociologiques (un quatrième vient tout juste de paraître), l'auteur s'est tourné vers la Littérature avec Un Coup de Théâtre : histoire du théâtre congolais, publié en 2008. Ses oeuvres se diversifient donc, et il ne s'arrête pas en si bon chemin. Il tente l'expérience des ouvrages pour la jeunesse avec Ma première colo.

Ce récit, bien que destiné à la jeunesse, ne sera pas sans intérêt pour les adultes. L'héroïne, Fanny, 9 ans, appréhende de partir en colonie de vacances car cela implique de quitter ses parents. Même si ce n'est que pour quelques jours, cela a de quoi provoquer angoisse et alarmes chez une enfant qui a toujours passé ses vacances avec ses parents.

Encouragée par le témoignage des camarades qui sont déjà partis en colo, Fanny décide de tenter l'aventure. Comment elle aussi bien que les autres enfants vont-ils vivre la séparation d'avec le milieu familial ? Quels sont les temps forts d'une colo ? Quelles difficultés peuvent survenir ? Fanny consigne tout. Ma première colo est le journal qu'elle tient au jour le jour durant cette semaine de vacances.

Ce récit met en lumière le rôle important des animateurs sur qui repose la réussite ou l'échec de l'aventure : ils doivent savoir garder leur calme, faire face à toutes sortes de situations, rassurer les enfants... Il fait également le lien avec la diversité d'origine des enfants, telle qu'on peut la constater dans n'importe quelle classe française. Dans nombre d'écoles aujourd'hui, on entreprend d'apprendre aux enfants des chansons, des berceuses venues d'ailleurs, comme "Olélé moliba makasi" ou "Wa wa wa wa / Eh mwana wu dilé eh" dont on peut trouver les textes à la fin du volume.

Gaston Mbemba-Ndoumba, Ma première colo, Editions Bénévent, Nice, 2010, 60 pages, 10 €.


Ouvrages sociologiques de l'auteur :


- Ces Noirs qui se blanchissent la peau : la pratique du "maquillage" chez les Congolais (2004)
- Les Bakongo et la pratique de la sorcellerie : ordre ou désordre social (2006),

- La Femme, la ville et l'argent dans la musique congolaise : regard sociologique sur l'imaginaire urbain (2007) ; un 4e vient de paraître,

- La folie dans la pensée kongo (2010),

tous publiés chez L'Harmattan.

7 commentaires:

kinzy a dit…

je peux comprendre le déchirement cette petite , surtout que dans la plupart des centres les enfants sont parqués en attendant que leurs parents viennent les chercher.
Certains enfants vivent parfois de terribles souffrances entre ce qu'ils ont vécu et ce qu'ils ont le droit de raconter .
Pour ma part je n'enverrai jamais mes enfants dans des centres de vacances subir les mauvaises humeurs de ceux qui sont censés les encadrer.
Merci ma chère Liss de me faire découvrir cet auteur.

Liss a dit…

Pour moi aussi, chère Kinzy, ce serait difficile de laisser partir mes enfants en colo, je serais trop angoissée, entre les risques d'accident du car, la crainte que l'un des animateurs soit pédophile, la crainte qu'il arrive quoi que ce soit... je ne dormirais pas tranquille. Je sais que le danger nous guette tous les jours et peut survenir même chez soi, mais les laisser partir en colo, pas tout de suite ! on verra quand ils auront 20 ans...

St-Ralph a dit…

Tiens, un livre qui peut être très intéressant pour mes petits sixièmes l'année prochaine !

Il me semble que la littérature pour la jeunesse est un secteur négligé par les auteurs africains. Ai-je tort ?

Liss a dit…

Pas du tout, St-Ralph, les oeuvres de littérature pour la jeunesse produites par les auteurs africains ne foisonnent pas, et c'est dommage. Durant mon cycle secondaire, nous n'avions que L'Affaire du Sylure, de Guy Menga, que nous lisions et relisions à loisir car nous avions beaucoup aimé et parce que nous n'avions pas autre chose. Depuis (c'était les années 80), d'autres publications ont vu le jour, mais elles sont toujours peu nombreuses. Ce livre-ci, Ma première Colo, intéressera beaucoup plus les jeunes d'ici, car dans les pays d'Afrique, des vacances organisées par l'école, cela ne se fait pas encore. On part en vacances chez un parent, chez des amis de nos parents etc.

St-Ralph a dit…

Me voilà rassuré parce que confirmé dans mon opinion. Il est évident que le livre s'adresse d'abord à la jeunesse d'ici. Mais je reconnais une chose extraordinaire chez la jeunesse africaine : c'est sa capacité à se projeter dans des univers divers pour y trouver son plaisir. Je me souviens avec quel bonheur je lisais les romans européens parlant de choses qui n'avaient rien à voir avec les réalités africaines. Mais il se peut qu'aujourd'hui cette capacité à imaginer, à s'inventer ne soit plus d'actualité.

Liss a dit…

Je crois que cette capacité est toujours là, mais pour la voir à l'oeuvre, il faut que ces ouvrages se retrouvent sur le chemin des jeunes lecteurs africains. Moi aussi je savais trouver mon plaisir dans ces livres évoquant des univers différents du mien. Je ne suis pas encore retournée au pays, mais je doute que les livres, tous genres confondus, soient autant disponibles que par le passé ; je crois que le problème aujourd'hui, c'est l'accession au livre.

Obambé a dit…

Depuis quelques années, j'ai pris l'habitude d'offrir plus de livres pour les enfants, neveux et autres très jeunes frères et sœurs ici en France, à l'occasion de Noël. Celui-ci, outre la très bonne présentation m'intéresse beaucoup. Je me le procurerai d'abord pour moi-même (n'est ce pas, on fait comme avec les bonbons!) et si le test est concluant,je poursuivrai l'achat pour les bambins.
Merci de nous partager et de nous le faire découvrir.

@, O.G.