samedi 15 novembre 2008

Ci-gît..., Dominique Mfouilou


Nous sortons d’une semaine de commémoration. En effet, avec la date du 11 novembre, c’est toute la période de la première guerre mondiale qui a été rappelée à notre mémoire et ce au travers de cérémonies, de documents – écrits comme audio-visuels. Grâce à ceux-ci nous savons qui a fait quoi durant cette guerre, qui s’est illustré par une décision salvatrice ou regrettable et en quel lieu...
L’histoire doit être gardée en mémoire pour éviter d’autres déboires, mais certains pensent qu’on en fait trop. En effet un débat a fait irruption cette année : « y a-t-il trop de commémorations ? » Fichtre ! Au moins les jeunes gens ainsi que tous ceux qui sont nés après cette sombre période de l’histoire ne peuvent ignorer celle-ci : toutes les informations la concernant sont à leur portée. Qu’en est-il du Congo Brazzaville ?

Presque tous les événements marquants de ce pays se diffusent de façon officieuse, on en parle loin des médias, et surtout loin de tous ceux qui représentent les autorités politiques, qui s’obstinent à ne pas lever le voile sur ces événements qui les concernent au plus haut point. Dans ces conditions, on rêverait d’avoir des émissions comme « Secrets d’actualité » ou « Complément d’enquête » pour apprendre la vérité sur ce passé nébuleux. Heureusement, quelques auteurs osent élever la voix pour dire tout haut ce qu’on se chuchote, ce qu’on se dit sous le sceau de la confidence. J’ai déjà eu l’occasion de saluer le travail de Dominique M’Fouilou, qui s’applique à reconstituer des pages de notre histoire dans ses romans.

Le dernier en date s’intitule Ci-gît le Cardinal achevé. Il retrace les derniers jours du Cardinal Emile Biayenda, dont la disparition tragique est étroitement liée à celle du Président Marien-Ngouabi et de son prédécesseur, le Président Alphonse Massamba-Debat, à quelques jours d’intervalle. Pourquoi ces assassinats ? Comment ceux-ci furent présentés au public ? Quelles furent les motivations des instigateurs de ces trois disparitions ? Voilà les questions auxquelles l’auteur tente de donner de la consistance.
Le roman fait 255 pages mais ce sont moins de 48h que l’auteur fait vivre au lecteur, le temps de la lecture, depuis l’appel téléphonique convoquant le cardinal à une soi-disant audition jusqu’à son assassinat ainsi que les efforts de ses proches collaborateurs pour que son corps soit restitué. Les dialogues sont nombreux et peuvent paraître trop ralentir le rythme de l’action. Peut-être l’auteur a-t-il ainsi voulu plonger le lecteur dans cette lourdeur qu’avait pu connaître le prélat avant sa disparition, qu’il avait pressentie.

Dominique M’FOUILOU, Ci-gît le Cardinal achevé, Editions Paari, juillet 2008, 22 €.

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