vendredi 3 juin 2011

Palabre autour des arts : première rencontre

Vous connaissiez les ‘‘Jeudi d’Africa Paris’’, maintenant il faut inscrire au nombre de vos rencontres culturelles les ‘‘Mardi du Loyo’’. En effet, Joss Doszen, écrivain dont je vous ai déjà parlé à plusieurs reprises et familier des jeudis Africa, propose une rencontre mensuelle dénommée « Palabre autour des arts », qui se tiendra au restaurant « Loyo », 18 rue Bachelet à Paris, dans le 18e, métro Château rouge. Le quartier est emblématique : c’est le carrefour des cultures, le haut lieu de brassage des populations issues de l’immigration, c’est le lieu de rendez-vous naturel de tous ceux qui viennent d’ailleurs, d’Afrique en particulier, c’est surtout le lieu d’approvisionnement N°1 en produits dits ‘‘exotiques’’. Eh bien maintenant vous savez qu’il n’y a pas que les emplettes quotidiennes en maniocs, safous, moukalous, gombos et autres à faire à Château-Rouge, il y a aussi moyen de fêter les « arts nègres » et de les agrémenter, si vous le souhaitez, par un plat comme vous le sentez : africain ou français, il y en a pour tous les goûts.


Une partie du public.


Voici la description du projet par son géniteur : « Rencontre d’une heure découpée en trois moments forts : l’hôte de la soirée et des chroniqueurs discutent des arts issus des Afriques (Afrique, Antilles, Amériques…), en se focalisant notamment sur les littératures, les arts de la scène, les arts de la représentation (peinture, sculpture, mode). Puis un ou deux artistes seront conviés à présenter leur travail. Enfin, une discussion ouverte entre les invités et les personnes du public sur un thème plus ou moins léger touchant les Afriques conclura la rencontre »

La première rencontre s’est tenue le 31 mai dernier avec, comme chroniqueurs en première partie : Joël Agbotan, Aurore Foukissa, Gangoueus et Joss Doszen, qui ont échangé autour des œuvres de Lauren Ekué (Icône urbaine, Ed. Anibwé), Sundjata (Kalashnikov Blues, Ed. Vents d’ailleurs), Wilfried Nsondé (Le Cœur des enfants léopards, Ed. Actes Sud) et Léonora Miano (Blues pour Elise, Ed. Plon).

Les chroniqueurs du jour : Joss, Gangoueus, Aurore et Joël.


Liss Kihindou était l’invitée du jour, elle a eu l'occasion de parler de sa dernière parution, L’Expression du métissage dans la Littérature africaine (Ed. L’Harmattan). Ce thème était également au cœur de la discussion par laquelle la soirée s’est terminée, chacun exprimant ce qu’il pensait du couple mixte : y en a-t-il trop ? Pas assez ? Phénomène de mode ? Couples liés par l’intérêt ou véritable expression de l’amour entre deux êtres qui se sont trouvés, bien que d’origines différentes ?


Liss, Joël et Joss.

Vous l’aurez compris, la palabre était à ce point pimentée qu’une heure n’a pas suffi pour satisfaire tout le monde.

C’est avec beaucoup de joie et de reconnaissance que j’ai accueilli cette invitation, même si cela impliquait pour moi de braver les aléas du transport afin de ne pas arriver trop en retard.



Internet a cette formidable qualité de faire se rencontrer les gens, et lorsque ces rencontres se matérialisent, lorsque la discussion autour de la littérature prend ainsi corps, c’est un moment qui peut être considéré comme magique. J’ai ainsi pu rencontrer physiquement Aurore Foukissa et Charline Effa, deux lectrices avec qui j’échange souvent sur facebook. Elles étaient présentes à ce premier rendez-vous des mardis du Loyo, et Aurore en tant que chroniqueuse. L’écrivain Jean-Aimé Dibakana était également de la partie et a contribué à l’enrichissement des débats.

Aurore, Liss et Charline, des lectrice heureuses de faire connaissance "en vrai"

Ainsi, de la même manière qu’Eve fut tirée de côte la d’Adam, pour former avec lui un ensemble plus complet, de même les mardis du Loyo sont nés des jeudis Africa, afin que l’écho autour des littératures et des arts africains soit encore plus important. Penda Traoré, qui anime avec Gangoueus, les jeudis Africa, était d’ailleurs là. Leur présence à tous deux marque bien la complémentarité des deux concepts, et il ne faut pas penser que c’est suffisant : plus il y a de rencontres de ce genre, mieux c’est pour la promotion de nos littératures, qui restent encore parfois dans l’ombre. Et nous avons besoin de vous pour les mettre plus en lumière.


Liss et la charmante tenancière du "Loyo".

Venez trinquer à la santé de la littérature africaine, au Loyo dans le 18e ou à Africa Paris dans le 16e, vous êtes les bienvenus. Entrée gratuite !

La discussion se prolonge à table. 

6 commentaires:

GANGOUEUS a dit…

Ce fut une très belle rencontre. L'idée de Joss est très intéressante. J'ai bien aimé cet échange sur les livres avec Joel et Aurore, avec des regards différents sur les textes et la découverte d'une littérature africaine contemporaine.

Et puis le métissag... tu connais mon point de vue sur le sujet.

Liss a dit…

Joss a le mérite d'avoir fait aboutir ce projet qui lui trottait dans la tête depuis quelques temps, car il ne suffit pas d'avoir des idées, il faut aussi les mettre en pratique. Et c'est pas mal, en effet, de croiser ses regards, surtout lorsque les intervenants sont de grands lecteurs comme toi.

St-ralph a dit…

Concernant le métissage, tu auras mon point de vue quand j'aurai lu ton livre, Liss. Je suis curieux de voir comment il est présenté dans la littérature africaine.

Je me rejouis de constater que les Africains tentent de renouer avec les cercles littéraires parisiens de l'époque coloniale. Le dernier film de Woody Alllen est une sorte d'hommage à cette époque du Paris cosmopolite sur le plan culturel. Aujourd'hui, tout le monde a déserté la place pour une pratique solitaire de son art, sauf les Africains. C'est sans doute d'eux que viendra le nouveau souflle littéraire. Il reste a créer des occasions pour que les écrivains, les peintres, les musiciens évoluent en rangs plus serrés pour le meilleur de la culture africaine.

Oui, la culture africaine peut se développer à l'étranger pour ensuite s'implanter en afrique comme ce fut le cas de la culture espagnole ou de la culture américaine. On oublie souvent que des grands noms de ces deux pays ont construit leur gloire à Paris dans la première moitié du 20è siècle.

Liss a dit…

Cher Raphaël,

c'est en effet de plus en plus comme cela que je vois ces rencontres, et je plaisantais là-dessus à une des dernières Africa Paris, avec Cunctator si je me souviens bien, je lui disais que ça devenait comme un club ou un cercle littéraire, à l'exemple de ce qui se faisait il n'y a pas si longtemps à Paris. Les salons, les cafés littéraires ont énormément contribué à faire connaître certains auteurs, à les faire sortir de l'ombre. L'exemple qui me vient à l'esprit est celui d'Edgar Allan Poe, dont la renommée commença d'abord en France grâce au travail d'hommes de lettres comme Baudelaire !

J'attends avec impatience que tu lises L'Expression du métissage..., mais tu pourrais commencer par Détonations et Folie, j'aimerais bien avoir ton avis là-dessus, mais je crains aussi d'être, malgré moi, à l'origine d'une catastrophe : tu commences seulement à te rénoncilier avec la littérature noire-africaine, alors si j'avais le malheur de te décevoir...

St-Ralph a dit…

Quand, sur le net, on perd un message que l'on vient de rédiger avec amour, on entre dans une grande déception. Il m'arrive même de laisser échapper un cri de colère ! Ce fut le cas quand un bug a fait disparaître mon message à cette même place. Je reviens donc plusieurs jours après.

Je lirai tes oeuvres avec plaisir. Tu appréhendes ma réaction ? Mais non, ma chère Liss ! Tes analyses que j'apprécie préfigurent ces productions. Je passerai ma commande lors de mon prochain séjour à Dijon.

Merci pour les infos sur les rencontres culturelles à Paris. Grâce à toi, je sais que notre ami Gangouéus anime un cercle littéraire à Paris. Les petites rivières font les grands fleuves, dit-on. Ces rencontres grandiront et produiront des effets bénéfiques sur la littérature africaine. Ce n'est pas parce que les autres nationalités ont déserté la place en optant pour le parcours individuel qu'il faut les imiter.

Liss a dit…

J'imagine ta rage après ce bug, St-Ralph, je suis vraiment désolée pour toi, mais en même temps, ton obstination à laisser un autre message après cette perte permet de se faire une idée du degré d'affection que tu nourris à mon égard... MERCI.