mardi 29 décembre 2009

Reconnaissance

La fin de l’année, ou le commencement d’une nouvelle année est souvent, pour nombreux, l’occasion de faire un bilan. Bilan de ce qu’on a fait, de ce qu’on n’a pu faire. De ses réussites, de ses échecs. De ce qui nous est arrivé de bien durant l’année écoulée. De ce qu’on a reçu de la vie. D’aucuns diront, en effet, qu’ils sont reconnaissants à ‘‘la vie’’ de leur avoir accordé tant de bienfaits. D’autres, et je fais partie de ceux-là, diront « Dieu » à la place de « la vie ». Et, au-dessus de tout, nous avons reçu la vie, en don. Si nous avons eu des sujets de peine, et nous en avons eu, c’est certain, nous ne les appellerons pas des ‘‘malheurs’’, nous dirons des ‘‘épreuves’’, car si nous sommes debout en 2010, c’est bien que nous sommes allés au-delà de ces peines.

On est debout aussi parce qu’on est entouré, parce que la coupe de l’amitié nous a été tendue, et on y boit ; j’y ai bu avec beaucoup de reconnaissance. Je remercie tous ceux qui ont laissé ici les témoignages de leur amitié. J’espère que 2010 nous réservera autant sinon plus d’échanges, plus de lectures, plus de découvertes.

Pour terminer, puisque je parlais de bienfaits et d’épreuves tout à l’heure, je suis allé farfouiller dans mes gribouillis de jeunesse (enfin je n’étais plus si jeune, j’avais déjà plus de 20 ans – c’est plus vieux que Rimbaud avec ses prouesses de 16 ans), et je soumets à votre analyse ce texte daté du 1er janvier 1999, il y a dix ans donc. Ce sont les propos d’une jeune fille qui, en ce premier jour de l’année, se tourne vers son Créateur pour lui dire sa reconnaissance et lui demander pardon de ses imperfections.



Je viens encore à toi
Te présenter ma foi

Je sais que tu es bon
Et que tu ne dis jamais non
Quand on implore ton secours
Tu veilles sur nos jours
Tu fais aboutir nos projets
Tu nous accordes mille objets
Quand je t’appelle
Tu réponds
Quand je te cherche
Je te trouve
Quand j’ai du chagrin
Tu m’ouvres les bras
Et je m’y réfugie
Ta divine présence
Consume ma tristesse
Et mon cœur est en liesse

Quand mon cœur est en liesse
Prier est une lourde tâche
Quand l’arbre de la réussite
Abrite mes entreprises
Je te néglige
Quand tout va bien
Je t’oublie
Que l’alarme sonne
Me voilà les genoux au sol
Ô ingrate créature humaine
Ta dévotion n’est pas saine

Dieu de miséricorde
Je veux que tu sois
La fleur la plus belle
Dans le jardin de mes pensées
Je veux que tu m’aides
A t’être fidèle
A te donner la première place
Toujours.


Buanana 2010 !

mardi 22 décembre 2009

Mer et Ecriture chez Tati Loutard

Je m'étais promis, à l'annonce de la disparition de Tati Loutard, de lire son dernier roman et faire un papier dessus pour lui rendre hommage, à ma manière. Voici plusieurs mois qu'il est parti et je n'ai toujours rien fait. Par contre j'ai appris, grâce à un détour chez Gangoueus, que Cultures Sud et L'harmattan avaient fait le nécessaire. Et comme je n'ai pu me joindre au débat, je mets en ligne le seul article en relation avec le poète que j'ai en ma possession : la critique de la critique de Noël Kodia. J'explique : celui-ci a publié, il y a quelques années, un ouvrage sur l'oeuvre de Tati-Loutard, et je l'avais présenté sur mon ancien blog.
Que vaut une œuvre sans lecteur ? Une œuvre vit parce qu’elle est lue, parce qu’elle fait l’objet de commentaires, de réflexions… Et il y a d’autant plus de lecteurs autour d’une œuvre que celle-ci est mise en lumière par un lecteur plus minutieux que d’autres. Ainsi, il y a ceux qui écrivent des romans, des poèmes, des pièces de théâtre, et il y a ceux qui les mettent en lumière. Noël KODIA-RAMATA fait partie de ces derniers.

Le terme ‘‘lumière’’ a ici tout son sens, toute son ampleur. En effet les critiques, en mettant à disposition du public des études, des analyses de textes, non seulement oeuvrent pour que la littérature ne soit pas un mets réservé aux universitaires qui seraient seuls capables d’en percevoir les saveurs ; mais aussi, ils contribuent à faire connaître les auteurs et leurs œuvres, ils les sortent de l’ombre du silence. Et il faut avoir une certaine dose de générosité pour le faire. Ainsi nous apparaît Noël KODIA : un homme généreux. Il s’est spécialisé dans la littérature congolaise, car, il faut le dire, la littérature est tellement vaste ! On peut être un lecteur libre et goûter, croquer, mordre ici et là selon son plaisir, mais si en plus on souhaite s’adonner à la tâche exigeante, rigoureuse de critique littéraire, on est, pour être efficace, amené à se tailler un cadre dans cette vaste littérature.

Noël KODIA fait partie de ceux – et il y en a peu – qui connaissent dans toute sa profondeur, dans toute sa diversité, la littérature congolaise. Depuis de nombreuses années, il la décortique, la presse pour en recueillir le jus et le proposer aux lecteurs qui ont soif d’en savoir un peu plus sur les auteurs du Congo-Brazzaville. Bref il n’est pas de production écrite de congolais qui ne soit passée sur la table d’examen de Noël KODIA. D’ailleurs il prépare un Dictionnaire des œuvres littéraires congolaises (romans, récits et nouvelles). Ses études, qui concernent aussi la politique et la société africaine, paraissent dans des revues, sur des sites Internet ainsi que dans des ouvrages. Mais il a aussi essayé de passer de l’autre côté de la barrière en publiant un roman : Les enfants de la guerre.
Noël KODIA est Docteur en Littérature française de l’Université Paris IV Sorbonne. Il a enseigné les littératures française et congolaise à l’Ecole Normale Supérieure de Brazzaville.


Mer et écriture chez Tati-Loutard : de la poésie à la prose

Qui ne connaît Jean-Baptiste TATI LOUTARD ? En Afrique comme ailleurs, le monde des Lettres voit en lui un porte-étendard de la poésie africaine, pour ne pas dire congolaise. « Après la disparition de Tchicaya U Tam’Si, (J.B. Tati Loutard) apparaît, en qualité comme en quantité, comme le poète le plus fécond du Congo »1, déclare Noël KODIA dans l’avant-propos du livre. Son oeuvre poétique a plus d’une fois fait l’objet d’ouvrages critiques, essentiellement par des universitaires étrangers. Paradoxalement, Tati Loutard est plus cité dans son Congo natal comme étant l’auteur des Chroniques Congolaises, recueil de nouvelles qui a été longtemps au programme des lycées du CONGO. L’approche de la poésie s’avère souvent moins aisée que celle de la prose et, hormis les férus de poésie, on s’y précipite moins. Or celle de Tati Loutard renferme des trésors tels qu’il serait dommage de ne pas oser pénétrer dans son imaginaire. Noël KODIA nous y aide par son livre qui s’intéresse à la fois à la poésie et à la prose de Tati Loutard, démarche qu’il est le premier à accomplir. C’est ce que souligne Dominique MONGO-MBOUSSA dans sa préface à l’ouvrage : « le mérite de Noël KODIA-RAMATA est d’étudier l’œuvre dans sa globalité »2.

Il est en outre le premier compatriote à consacrer une étude à Tati Loutard. Dans Mer et écriture chez Tati Loutard, Noël KODIA-RAMATA prend le lecteur par la main et lui propose une visite guidée dans l’imaginaire poétique Loutardien, en étudiant notamment les thèmes prépondérants, comme la permanence de l’élément aquatique, ainsi que le suggère le titre de l’ouvrage « Mer et écriture ». Dans une seconde partie, ce sont les textes narratifs de l’auteur que Noël KODIA examine, lesquels « reflètent la société congolaise avec tous les problèmes qui la minent. (…) A la manière d’Honoré de Balzac au XIXe siècle dans La Comédie Humaine, J.B. Tati Loutard peut être considéré comme le secrétaire de la société congolaise, dont il a su observer l’évolution des mœurs avec minutie. »3 Il est à noter que les œuvres auxquelles Noël KODIA-RAMATA s’intéresse sont celles publiées de 1968 à 1987. C’est un choix délibéré, car celles qui seront publiées postérieurement, à partir de 1992 pour être plus précis – on notera au passage la pause de quelques années avant que l’auteur ne publie de nouveau – se démarquent radicalement des publications antérieures. A partir de cette date, « la narration et la poésie de J.B. Tati Loutard prennent une autre dimension. »4 Noël KODIA a le projet d’étudier ces œuvres d’après 1992 dans un autre ouvrage. Au regard du travail déjà accompli dans Mer et Ecriture chez Tati Loutard, on ne peut que vivement souhaiter la publication de ce second volet, pour que vibrent à jamais les ondes d’une œuvre riche et dense : celle de J.B. Tati Loutard.

1. Mer et écriture chez Tati Loutard, p. 17
2. Mer et écriture chez Tati Loutard, p.13
3. Mer et écriture chez Tati Loutard, p. 55
4. Mer et écriture chez Tati Loutard, p. 18


ŒUVRES DE NOEL KODIA
I/ Articles divers dans la presse que vous pouvez retrouver dans son blog :
http://blog.ifrance.com/noelkodia
Quelques exemples :
- Le roman congolais de 1954 à 2006 : des prix littéraires qui confirment sa prépondérance au sud du Sahara
- Les romancières du Congo
- Démocratie en Afrique centrale

II/ Ouvrages
- Les enfants de la guerre, roman, Editions Menaibuc, 2005.
- Mer et écriture chez Tati Loutard : de la poésie à la prose, Editions Connaissances et Savoirs, 2006.
A paraître sous peu :
- Fragment d'une douleur au coeur de Brazzaville

mardi 15 décembre 2009

Titus Flaminius, de J.F. Nahmias


J'ai un faible pour les romans historiques, surtout lorsqu'ils savent véritablement ressusciter une époque pourtant ensevelie depuis des lustres. J'éprouve la même sensation que lorsque je me trouve devant une ancienne photographie, celle de mes parents par exemple, ou de mes grands-parents, à une date antérieure même à ma naissance. Quelle magie ! Saisir quelques instants d'un passé qui ne vous appartient pas, un passé auquel vous n'avez pas pris part ! Mais on n'est pas obligé d'aller si loin : comment vous sentiriez-vous par exemple si on vous faisait revivre quelques jours de votre tendre enfance par exemple, dont vous ne pourriez vous souvenir sauf si quelqu'un, qui a été témoin de vos premières années, vous les raconte. C'est un immense privilège, et c'est tellement fascinant !


Jean-François Nahmias a entrepris de faire revivre la société romaine à cette période charnière comprise entre la fin de la république et le début de l'empire. La série qu'il a commencée il y a quelques années, celle des Titus Flaminius, en est à son quatrième tome. J'ai lu les deux premiers, et ça a été deux lectures passionnantes.

Titus Flaminius est un jeune romain de 25 ans environ, de naissance noble, qui décide de devenir détective au service des populations défavorisées, qui n'ont pas la possibilité de mener eux-mêmes des investigations, faute de moyens.

Le tome 1, intitulé "La Fontaine aux vestales", explique comment Titus est devenu détective privé : il perd sa mère dans des circonstances tragiques. Il décide de mettre la main sur l'assassin de sa mère, dont la disparition semble liée avec le vol du diamant que le Consul César a offert à sa maîtresse. Mais très vite se profile une autre piste, celle des vestales, prêtresses vénérées, respectées, vouées au célibat et à la chasteté pendant toute la durée de leur sacerdoce, c'est-à-dire environ une trentaine d'années. Elles sont condamnées à une mort atroce s'il s'avère qu'elles ont enfreint cette règle. Mais voilà : Titus Flaminius s'éprend d'une vestale, ce qui est interdit. En même temps il doit élucider la mort de sa mère, alors que tous ceux qui auraient pu l'aider à voir clair sont tour à tour éliminés par le meurtrier.

Le tome 2, "La Gladiatrice" nous plonge, comme son titre l'indique, dans le monde violent et cruel des gladiateurs. Comment des hommes, comment les peuples d'antan ont-il pu prendre plaisir, tirer même une certaine volupté de ces spectacles d'une cruauté inouïe, une cruauté gratuite, inventée pour le plaisir de voir souffrir ? Et attention : celui qui meurt doit mourir avec art. Titus Flaminius n'hésitera pas à se faire lui-même gladiateur pour élucider des meurtres mystérieux.

Suspense et rebondissements garantis jusqu'à la fin dans ces merveilleux Titus Flaminius.