vendredi 23 novembre 2012

Les aventures de Caïus, imaginées par Henry Winterfeld

Il y a de ces livres dont le succès ne se dément pas, génération après génération. Les romans L'Affaire Caïus et Caïus et le gadiateur, d'Henry  Winterfeld, en font partie. Ecrits il y a plus de cinquante ans, ces deux romans, qui mettent en scène des élèves à l'époque antique,  enchantent toujours les jeunes et les moins jeunes lecteurs.
 
 
 
 
Nous sommes au premier siècle après Jésus-Christ, à Rome. Sept élèves ont le priviège de fréquenter l'école de Xanthos, un grand mathématicien sollicité par les plus riches familles pour servir de précepteur à leurs enfants. Les tarifs de Xanthos n'étant pas donnés et la sélection des élèves étant très rigoureuse, seuls les patriciens pouvaient se permettre de placer leurs élèves dans son école. Il est tellement sévère et exigeant que ses élèves l'ont surnommé Xantippe, comme l'acariâtre épouse de Socrate.
 
 
 
 
 
Mucius, Publius, Rufus, Caïus, Jules, Flavien et Antoine sont tous fils de sénateurs. Alors que Mucius est reconnu comme étant le plus brillant, le plus sérieux, et a été pour cela  élu chef de classe, Caïus, au contraire, se distingue par sa bêtise, son peu de jugeote, au point de s'attirer souvent les moqueries de ses camarades.
 
Dans le premier tome, L'Affaire Caïus, c'est une mauvaise blague de Rufus qui va déclencher les événements. Celui-ci écrit sur une tablette "Caïus est un âne" et l'affiche sur le mur, à l'insu du maître, de sorte que tous les élèves puissent lire. On imagine l'hilarité des élèves et la colère du maître qui menace de renvoyer Rufus. Mais il y a pire : la tablette disparaît et la phrase est reproduite en lettres de sang sur le temple de Minerve, ce qui est une très grande profanation et attire au coupable les sanctions les plus sévères. Rufus se retrouve en prison alors qu'il clame son innocence.
 
Qui donc est le vrai coupable et pourquoi avoir voulu causer du tort à l'un des élèves de l'école Xanthos ? Ceux-ci mèneront l'enquête avec succès, avec la précieuse aide de leur maître qui, sous ses airs sévères, a beaucoup d'affection pour chacun d'eux. Il ne le montre pas souvent, mais les élèves, savent percevoir l'intérêt qu'on leur porte. Ils ne sont pas moins attachés à lui, malgré les durs traitements qu'il leur impose et décident même, dans le tome II, Caïus et le gladiateur, de lui faire un cadeau pour son anniversaire : un esclave.
 
Cependant, Xantippe n'a que faire d'un esclave, même s'il est touché par leur geste, il leur demande de le rendre au marchand d'esclave et de se faire rembourser. Malheureusement le marchand a disparu et ils apprennent que ledit esclave, appelé Udo, est activement recherché par un ancien gladiateur qui veut absolument l'avoir, mort ou vif.  Udo est en danger et la noblesse de coeur de Mucius et de ses camarades les pousse à le soustraire du terrible sort qui l'attend. Ils apprennent en outre que Udo détient des informations de la plus haute importance et qui les concernent également : l'un de leurs pères doit être assassiné. Quel sénateur est visé et pourquoi ? Les élèves vont une fois de plus mener l'enquête en bénéficiant, comme dans L'Affaire Caïus, de l'éclairage de leur maître.
 
Bien que l'action se situe au Ier siècle, l'atmosphère qui règne dans la classe tenue par Xantippe est bien similaire à celle que nous vivons aujourd'hui, avec des élèves au caractère différent et des capacités qui tranchent parfois par leur très grande disparité, mais qui ne constituent pas moins une famille, le temps d'une année scolaire. Une famille placée sous la responsabilité du maître, qui doit non seulement parfaire les connaissances des élèves mais également veiller à faire d'eux des citoyens dont la société puisse être fière.
 
 
Henry Winterfeld, L'Affaire Caïus ; Caïus et le Gladiateur, Hachette jeunesse, deux romans policiers pour la jeunesse que vous lirez et relirez avec un bonheur toujours égal. Suspense garanti jusqu'aux dernières pages. Vous voulez convertir un récalcitrant à la lecture ? Mettez-lui L'Affaire Caïus ou Caïus et le gladiateur entre les mains, soyez sûrs que lui-même fera d'autres adeptes de ces petites merveilles de Winterfeld.
 

jeudi 15 novembre 2012

Rue des Histoires, de Marie-Françoise Ibovi

Rue des Histoires est un recueil de vingt nouvelles, tantôt réalistes, tantôt fantastiques, se déroulant principalement au Congo, entraînant le lecteur dans ses différentes villes : Brazzaville, Pointe-Noire, Dolisie, Mouyondzi... chacune est le théâtre des aventures, ou plutôt des mésaventures qui surviennent aux personnages.

  
Ceux-ci, le plus souvent jeunes, doivent résoudre les problèmes qui se posent souvent à la jeunesse, sous tous les cieux : la recherche du travail, les émois amoureux et leurs conséquences, la nécessité de prendre ses responsabilités... Cette dernière question ne concerne pas seulement les jeunes, les moins jeunes également doivent répondre de leurs actes et étonnent parfois par la légèreté avec laquelle ils se conduisent, par leur manque de maturité, on a même envie de dire leur "bêtise". N'est-ce pas bête par exemple de ne pas saisir la deuxième chance que vous offre la vie ? Le héros de la nouvelle intitulée "Le Test" se croit porteur du VIH, c'est ce que disent les résultats que son médecin a voulu lui communiquer en personne. Du coup, il culpabilise, pensant notamment à sa femme qu'il a souvent trompée et sans penser à se protéger, à ses enfants qu'il va laisser orphelins. finalement, les choses se retournent à son avantage mais ce n'est pas pour autant que, lui, change de mentalité.

Marie-Françoise Ibovi laisse souvent le lecteur tirer les leçons des expériences de ses personnages. Il s'agit parfois simplement de rapporter une expérience, sans qu'il n'y ait forcément une intrigue. Quand il y en a une, elle semble parfois se développer trop vite. La rigueur dans la construction de l'histoire, l'auteure, qui signe avec la Rue des histoires sa première oeuvre littéraire, l'acquerra sans doute au fil des publications.
J'ai apprécié entre autres "Le porte-feuille ensorcelé", peut-être parce que cette nouvelle m'a fait penser au "Veston ensorcelé", de Dino Buzzati. Les deux textes ont beaucoup de ressemblance.

Certaines histoires accordent une grande place au dialogue, si bien que, si la nouvelle est la version courte du roman, ces "histoires" de Marie-Françoise Ibovi auraient pu être de courtes pièces de théâtre. Cette hésitation entre narration et théâtre, on la perçoit dans le texte dont la mise en page fait parfois penser à celle des pièces de théâtre.

Récit d'expériences propres à faire réfléchir le lecteur, à l'inviter à privilégier l'effort à la facilité, la Rue des Histoires, premier recueil de nouvelles de Marie-Françoise Ibovi, préfacé par Emilie-Flore Faignond, est surtout marqué par la forte présence du Congo.


Marie-Françoise Ibovi, Rue des Histoires, Nouvelles, Edilivre, 134 pages, 19 €.