samedi 13 février 2010

Oscar et la dame rose, Eric-Emmanuel Schmitt

Le sourire de la vie

Oscar et la Dame Rose, c’est l’histoire d’un petit garçon de dix ans qui se trouve à l’hôpital : leucémie. Chimiothérapie, greffe de moelle osseuse, rien n’y fait : il est condamné et il le sait, même si les adultes autour de lui, à commencer par ses parents, ne le lui disent pas ou ont peur d’affronter son regard. Mais faut-il s’étonner ou se sentir coupable de cet échec de la médecine ? « On ne vient pas seulement à l’hôpital pour guérir, on y vient aussi pour mourir », dit le petit Oscar.

Alors, avoir dix ans et être gravement malade, est-ce ‘‘normal’’ ? Avoir dix ans et envisager la mort, est-ce possible ? Etre vivant, être affamé de vie et se dire qu’on va quitter ce(ux) qu’on aime, ce(ux) qu’on connaît, pour l’inconnu de la mort, est-ce aisé ?

La maladie, la mort sont des questions qui ont toujours suscité de multiples interrogations et propositions de réponses, notamment de la part des philosophes. Dans ce récit d’Eric-Emmanuel Schmitt, c’est un enfant qui s’interroge, avec le soutien de Mamie-Rose, une visiteuse d’enfants hospitalisés, qui lui propose de s’adresser à Dieu pour dire tout ce qu’il ressent, ce qu’il pense, pour lui poser toutes les questions, pour avoir quelqu’un de confiance à qui parler tout simplement : « Tu vas devenir une décharge à vieilles pensées qui puent si tu ne parles pas », lui conseille Mamie-Rose.


Grâce à elle, Oscar va aborder les derniers jours de sa vie avec plus de sérénité, cette sérénité va également se répercuter sur son entourage. C’est un récit touchant, qui nous invite à considérer les choses d’une manière plus philosophique. Ecoutons Oscar :

« J’ai essayé d’expliquer à mes parents que la vie, c’était un drôle de cadeau. Au départ, on le surestime, ce cadeau : on croit avoir reçu la vie éternelle. Après, on le sous-estime, on le trouve pourri, trop court, on serait presque tenté de le jeter. Enfin, on se rend compte que ce n’était pas un cadeau, mais juste un prêt. Alors on essaie de le mériter. Moi qui ai cent ans (suivant les conseils de Mamie-Rose, Oscar imagine que chaque jour qui passe, il grandit de dix ans), je sais de quoi je parle. Plus on vieillit, plus faut faire preuve de goût pour apprécier la vie. On doit devenir raffiné, artiste. N’importe quel crétin peut jouir de la vie à dix ou vingt ans, mais à cent ans, quand on ne peut plus bouger, faut user de son intelligence. » (p. 78)


Eric-Emmanuel Schmitt, Oscar et la dame rose, Magnard, coll. Classiques et contemporains.

Le récit a été porté au cinéma, avec Michèle Laroque dans le rôle de Mamie-Rose.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Liss,

Une histoire à la fois belle et triste, qui nous fait nous replier dans nos peurs au lieu d'affronter une réalité inévitable.
Il n'est pas donné à tout le monde d'être une "Madame Rose", mais quel personnage admirable!

Bien le salut.

Letsaa la Kosso

Liss a dit…

Tout à fait, Letsaa la kosso, très peu se révèlent des "Madame Rose" face à l'adversité. En général on réagit comme les parents du petit Oscar, que celui-ci traite de "cons" parce qu'ils n'arrivent pas à affronter la maladie de leur fils, à accepter sa mort.

Au plaisir !