vendredi 26 novembre 2010

Rencontre Africa Paris du 25 novembre

Quand on a assisté une seule fois aux rencontres qui se tiennent à l'Albarino Passy, organisées par Africa Paris et le maestro Gangoueus, on a envie de prendre un abonnement pour toute l'année. Hélas, n'en profite pas qui veut ! Les chanceux sont ceux qui habitent la région. Même si elles ont lieu un jeudi, on chope le métro et on y est. Et nous autres provinciaux alors ? Comment faire pour y être à 19h après sa journée de travail et les éventuels questions de garde d'enfants à régler ? C'est perdu d'avance, me diriez-vous.

Mais quand il y a un ivité aussi prestigieux que Sami Tchak, que faites-vous ? Vous vous dites : tant pis, même si j'arrive bien au-delà de l'heure du rendez-vous, ce serait dommage de ne pas profiter de cette occasion pour rencontrer l'auteur des Filles de Mexico. Je voulais en quelque sorte vérifier son identité. L'identité d'un auteur se lit, non pas sur sa carte d'identité, ni au travers de la mention de ses origines, mais se définit dans ses romans, dans ses textes. Montre-moi ce que tu écris, je te dirai qui tu es.

Sami Tchak m'a montré dans ses romans l'image d'un homme profondément humain, qui jette des ponts comme des filets dans l'océan de l'humanité pour attraper l'amitié des autres. Un homme sensible. Un homme humble aussi. On a envie de le rencontrer. Et l'homme fait un avec ses textes.




Aussitôt qu'il m'a aperçue, il m'a fait un signe de la main, et ne s'est même pas gêné pour venir à ma rencontre. J'ai eu le plaisir d'apprendre que mes chroniques étaient lues et appréciées. La discussion a très vite glissé sur la lecture et l'écriture. Sur les livres qui ont nourri notre sensibilité. Sur les oeuvres que nous trouvons tellement belles qu'elles nous amènent à considérer nos propres productions comme bien insignifiantes. J'avais adoré l'hommage que Sami Tchak rend à Ananda Dévi dans Hermina, il m'a parlé de celui de Céline à Shakespeare.

Finalement j'ai bien eu devant moi l'auteur de Hermina, qui fait dire à Heberto, le héros de ce roman, que chaque fois qu'il lisait de bons livres, son désir de devenir écrivain maigrissait de dix kilos. Enfin, ce n'est pas la citation exacte, mais c'est à peu près ça. C'est un sentiment contre lequel on ne peut se défendre : plus on lit, plus on se dit : que peut-on dire de plus ? Ou bien pourrais-je dire l'homme, dire la vie, dire le monde aussi bien que cet auteur-ci ou cet auteur-là ? Ne vaudrait-il pas mieux se taire et écouter les autres ?

Myriam Tadessé, Marthe Fare et Liss.

Bon il y avait du monde, hier, à l'Albarino. Il y avait surtout des femmes qui ont bien l'intention de marquer le territoire le la littérature. Des femmes qui affinent leurs pinceaux pour que les tableaux qu'elles présenteront dans leurs oeuvres retiennent votre attention. Par exemple Marthe Fare : elle se demande quand est-ce que la littérature togolaise va s'écrire au féminin. Vous pouvez la lire ici :
Et moi je me demande quand est-ce que les éditeurs vont se jeter sur elle pour que se diffuse dans les Lettres togolaises cette vigueur féminine tant espérée.
Myriam Tadessé a publié L'instant d'un regard chez L'Harmattan et mis en scène une nouvelle de Sami Tchak.

Sami Tchak acceptant, à ses risques et périls, de se laisser encadrer par Liss et Marthe Fare. Si, à l'avenir, vous trouvez que son talent s'est amoindri, ne cherchez pas loin, il aura été l'objet d'une transmission mystique.


Soirée Sympa. Elle s'est prolongée par un dîner, mais moi, il fallait que je file, mes poussins attendaient à quelques mètres. Oui, je sais, je suis une mauvaise mère, les traîner ainsi jusqu'à Paris ! J'entends encore leurs protestations. "Mais, maman, on n'a même pas fait les devoirs !" "Eh bien, on va les faire dans la voiture, ou bien vous les ferez demain matin à la garderie. Allez, en route, on va à Paris ! Faut que j'arrive avant 21h, moi !" Déclaration faite sous le regard réprobateur... mais collaborateur du papa.

11 commentaires:

Aimé a dit…

Merci Liss,

Dame qui lie à merveille passion et famille.

Face à cela, nous autres parigots on a envie de...

Heureusement que, compréhensible, tu ne nous tances guère, mais nous rend généreusement compte.

Bon vent Liss

A.E

K.A a dit…

La passion jusquà la Liss...

GANGOUEUS a dit…

Merci Liss pour ce compte rendu d'une très belle soirée. La littérature togolaise était à l'honneur, la présence de Sami Tchak et du premier ministre Edem Kodjo m'a beaucoup touché. L'émotion très forte également à la présentation du livre Myriam Tadessé, livre autobiographique, regard sur une enfance, sur des femmes, sur des hommes, sur l'histoire d'un pays qui n'a jamais les chaînes du colonialisme mais qui a subi la sanglante dictature du Négus rouge.

Il est passionnant d'écouter Sami Tchak exprimer son regard. Déjà à l'écriture c'est magnifique, mais à l'oral... C'est un homme de culture épris de la littérature latino-américaine. Je prescris vraiment les filles de Mexico. Magnifique.

Liss a dit…

@ Aimé,
Ne crois pas t'en tirer comme ça, où étais-tu jeudi soir ? Il aurait fallu qu'il y ait parmi nous quelques dandys.

@ K.A.,
Gangoueus m'avait dit au départ que tu serais de la partie aussi, et j'espérais faire d'une pierre deux coups, et puis changement de programme ! Ce qui nous a permis de faire la connaissance de Myriam Tadessé, mais ç'aurait été trop bien si on avait eu les deux étalons de la littérature togolaise !

@ Gangoueus,
C'est après seulement que j'ai appris qu'il y avait le premier ministre. Le Togo est donc mieux loti que le Congo, c'est encourageant pour un auteur de se savoir ainsi soutenu.
J'espère que vous allez nous mettre des videos sur Youtube, pour que nous aussi nous puissions écouter cet homme de culture, comme tu le définis.

Aimé a dit…

Aïe, Liss touche là où ça fait mal: j'essayais de me cacher, c'est raté.

Enfin... j'avais reçu l'invitation de l'UNESCO le même jour (et jusqu'aux mêmes heures que le rendez-vous du café littéraire)...
Ce n'est que partie remise.
Et si tu veux de Dandys, je t'en ramenerai des vrais à foison prochainement. Qui cherche trouve... ce serait marrant.

A+

A.E

Liss a dit…

Marché conclu, cher Aimé.
J'espère que tu nous parleras de cette invitation de l'Unesco dans un de tes articles.

Obambé a dit…

Quand S. Tchak passe dans un coin, il faut tout faire pour y être. Je me souviens de la 1e fois que je lui ai serré la main. Un Salon du livre de Paris, en pleine semaine alors que pour le provincial que je suis, ce n'est pas très pratique. Mais là, je m'étais dit "Même s'il faut y aller pour 5 mn, j'irai".

On s'était déjà attrapé au fone, etc., via tous les moyens modernes que les communications nous offrent. Mais il manquait l'essentiel, le hand, maboko, le serrage de mains, l'échange vif sans le risque d'être brutalement coupé par un réseau déficient ou encore une batterie fatiguée de m'entendre appeler la Terre entière.

Beau récit que tu nous fais. Ls invitations de l'Albarino, c'est une très bonne idée. Il faut faire vivre la Culture et chapeau aux promoteurs (Penda et Gangoueus, ton jumeau blogueur et passionné des belles lettres).

@+, O.G.

Liss a dit…

Je reconnais là le passionné des lettres que tu es : même si c'est pour 5mn, tu y vas.
je ne suis pas surprise d'apprendre que tu connais bien Sami: comme un éclaireur, tu as déjà parcouru tous les sentiers qui mènent à la rencontre des auteurs contemporains, et nous autres, nous ne faisons que suivre tes pas.

Obambé a dit…

Il y a des jours comme cela qu’on n’oublie pas. De plus, Jean-Noël SCHIFFANO offrait ce jour-là le champagne pour le prix obtenu par Sami pour Les filles de Mexico.
C’était un grand moment. Echanger avec cet auteur est passionnant. Un vrai plaisir. Dommage que je fus obligé de ne pas m’attarder.

Mais d’autres occasions se présentent toujours et, autour d’une table, un soir, dans un restaurant parisien, avec en plus Kangni Alem, on a pris le temps de refaire le monde littéraire, le monde universitaire (Kangni enseigne à l’Université de Lomé) etc. Bon, ce dernier ronchonna car les brochettes n’étaient pas chaudes. Ah ! cette soirée…
@+, O.G.

Caroline. K a dit…

Bonsoir Liss,

Il n'y a pas à dire, tu sais donner envie et plutôt deux fois qu'une. J'ai à la fois envie de lire, de rencontrer Sami Tchac mais surtout d'assister à ces rencontres. Mais alors quand ont elles lieu au juste, tous les ans ? toujours à la même adresse ? C'est annoncé ou ?

Bises

Caro

Liss a dit…

Ces rencontres sont toujours annoncées sur le blog de Gangoueus, sinon tu peux de temps en temps visiter le blog d'Africa Paris :

http://afriquaparis.blogspot.com/

Elles se tiennent une fois par mois, en général le dernier jeudi du mois, toujours à l'Albarino Passy, 4 rue Lekain, dans le 16e. Je te dis à bientôt ?