dimanche 15 juillet 2012

A Vol d'Oiseau, de Véronique Tadjo

A Vol d'oiseau a été publié il y a vingt ans chez L'Harmattan. On peut dire que cette oeuvre fait partie de la première série de publications de l'auteure, celle qui la fait découvrir, laisse apparaître les bourgeons qui éclateront dans les oeuvres futures.



C'est un ensemble de textes brefs organisés en chapitres, narrant des histoires à peine esquissées, présentant des personnages à peine décrits. En général, on n'a pas ou peu d'informations sur leur passé, sur leur devenir, juste leur présent, saisi dans son déroulement.

Pas de grand coup de projecteur donc, simplement la douce lumière de la poésie, au travers de laquelle le lecteur doit percevoir ou deviner les contours du récit. Le texte mis en exergue au début du livre avertit d'ailleurs le lecteur : il ne faut pas s'attendre à des histoires développées, des trames comme on en trouve habituellement.

"Bien sûr, j'aurais, moi aussi, aimé écrire une histoire sereine avec un début et une fin. Mais tu sais bien qu'il n'en est pas ainsi. Les vies s'entremêlent, les gens s'apprivoisent puis se quittent, les destins se perdent."

Le choix de l'auteur, c'est de montrer des situations, souvent malheureuses, vécues universellement, et inviter à les combattre, à les surmonter : "Ta force surgira de tes faiblesses éparses et, de ton humanité  commune, tu combattras les tares érigées en édifices royaux sur les dunes du silence."

Quelques exemples : une femme qui entretient une liaison avec un homme marié et qui ne supporte plus cette situation, mais le jour où ils se retrouvent une dernière fois pour rompre, ce jour-là, l'épouse légitime les surprend ; une jeune fille qui n'est pas prête à assumer une grossesse et qui décide d'avorter, fût-ce dans les pires conditions ; des artistes qui peinent à exercer leur talentà cause de la censure ; des mendiants qui se disputent un territoire ; un jeune qui voit sa bien-aimée partir, rongée par la maladie et qui veut l'aimer une dernièrefois...

En terre africaine comme en Occident, ou ailleurs dans le monde, les souffrances ébranlent autant, et l'on doit se raccrocher à l'espoir...

(Photo illustrant le site de l'auteur)

Véronique Tadjo, A Vol d'oiseau, L'Harmattan, 1992 (première publication : 1986 ?), 96 pages.

6 commentaires:

Obambé GAKOSSO a dit…

Le drame rwandais, avec son génocide de 1994 a entraîné une fois d’ouvrages que je continue à découvrir chaque jour. C’est ainsi que j’ai « rencontrée » pour la 1e fois Véronique Tadjo. C’était « L’ombre d’Imana » (Actes Sud, mars 2005).
Passionnant.

Cela m’avait conduit à m’intéresser un peu plus à cette auteure singulière (facile et un peu bête, me dit-on souvent, car chaque auteure est singulière, bon…) J’ai ensuite « évalué » le poids de nos traditions avec « Loin de mon père » (même éditeur, mai 2010) : poignant aussi !

Bon, celui que tu nous présentes, chère Liss, je ne le connaissais pas. je me ferais un devoir de m’y plonger, dès que possible…

« Quelques exemples : une femme qui entretient une liaison avec un homme marié et qui ne supporte plus cette situation, mais le jour où ils se retrouvent une dernière fois pour rompre, ce jour-là, l'épouse légitime les surprend ; une jeune fille qui n'est pas prête à assumer une grossesse et qui décide d'avorter, fût-ce dans les pires conditions ; des artistes qui peinent à exercer leur talentà cause de la censure ; des mendiants qui se disputent un territoire ; un jeune qui voit sa bien-aimée partir, rongée par la maladie et qui veut l'aimer une dernièrefois... » Cela donne vraiment envie.

Vraiment.

@+, O.G.

Liss a dit…

Il semble en effet, cher Obambe, que "L'ombre d'Imana" soit un texte majeur de l'auteur, mais beaucoup m'ont parlé en bien de "Loin de mon père", qui serait un très beau texte. Je n'en suis qu'à ma première découverte de Tadjo et je devrais lire ces titres-là pour en avoir une meilleure connaissance.

Françoise a dit…

"Loin de mon père" est un très beau livre, très émouvant, que tu aimeras, chère Liss . Je vais me procurer " A vol d'oiseau"

Liss a dit…

Je ne manquerai pas de le lire, ma Françoise, avec toi comme guide de lecture, j'y vais sans hésitation. Affaire à suivre !

St-ralph a dit…

Celle-là, c'est l'amoureuse de Gangouéus. Il a presque tout lu d'elle. Pas celui-ci ! Apparemment, ce n'est pas ce roman qui a fait la renommée de ma compatriote. Mais il est toujours intéressant de savoir comment les écrivains ont débuté.

Je crois que je suivrai le chemin indiqué par Obambé. La présentation de "L'ombre d'Imana" par Gangouéus a retenu mon attention. Il m'a fait penser à ton dernier billet sur le roman un roman ayant le génocide rwandais pour sujet. Deux bonnes pistes que je retiens.

Liss a dit…

"L'amoureuse de Gangouéus", lol ! Je crois bien que tu as raison, St-Ralph, et que notre ami ne sera pas fâché de l'apprendre car il en a toujours parlé avec beaucoup d'affection.
On dirait que tu n'as pas encore lu tes compatriotes, justement : Véronique Tadjo, Tanella Boni... Ah ! la liste des auteurs à découvrir ne fait que s'allonger !